Une stratégie gagnant-gagnant
Un statut libéral moins attractif
Pourquoi une fonction publique de la santé ?
Depuis 2010, pour la première fois, le nombre de médecins généralistes libéraux diminue, tendance qui selon la Direction de la recherche, des études, de l’évaluation et des statistiques (DREES) devrait se prolonger jusqu’en 2025. À l’inverse, le nombre de médecins généralistes salariés augmente, mais seulement 5 % en 2016 exerçaient dans des centres de santé ce qui demeure insuffisant pour compenser la baisse des médecins libéraux.
À environnement politique constant, l’accès aux soins de premiers recours devrait donc être moins aisé dans les prochaines années. Ce phénomène peut être expliqué par les difficultés administratives et financières que relève le statut de libéral, contrairement à ce lui de salarié où l’ensemble de ces aspects est supporté par l’employeur.
Une formation trop longue et peu rémunératrice
A ce jour, par moins de 10 années sont nécessaires pour obtenir le diplôme de docteur, sans compter ceux qui passeront par des années de spécialisation.
A cela s’ajoute les années d’internat non rémunératrice à la hauteur du service rendu et des enjeux, avec parfois des ambiances délétères parmi certains services où sont accueillis les étudiants.
Des déserts médicaux à combler
Au-delà du nombre de médecins, l’accès aux soins dépend de leur répartition territoriale. Concernant les médecins généralistes, les disparités apparaissent limitées.
En 2015, 84 % de la population réside dans une commune où exerce un médecin généraliste et 98 % accède à un médecin généraliste en moins de 10 minutes, seul 0,1 % de la population doit faire 20 minutes (…)
DREES
Cette répartition est plus inégalitaire pour les spécialistes, par exemple
les 10 % des communes les mieux dotées en ophtalmologues ont une accessibilité plus de 6 fois supérieure à celles les moins bien dotées ; ce rapport passe à 8 pour les gynécologues, à près de 14 pour les pédiatres et quasiment à 20 pour les psychiatres
DREES
Des difficultés supplémentaires
Ces difficultés d’accès peuvent être également d’origine financière, certains spécialistes travaillant en milieu hospitalier (secteur 2) n’hésitant pas à pratiquer le clientélisme. En effet, une consultation dans le cadre de leur activité publique (au tarif conventionné) pouvant nécessité des mois d’attentes, quand une consultation à titre privé est plus rapide et beaucoup plus chère. Enfin, soulignons le cas des médecins généralistes qui ne consultent que sur rendez-vous avec des délais parfois importants (reportant ainsi les patients aux urgences) ou les spécialistes dont le carnet de rendez-vous explose aussi et dont certains refusent de nouveaux patients (clients ?).
Par ailleurs, cette notion de « désert médical » ne peut se définir uniquement à la seule difficulté d’accès aux médecins généralistes, mais au regard du cumul d’autres mauvaises accessibilités, comme celle aux urgences ou encore l’accessibilité des pharmacies.
La majeure partie de la population française, soit 86,4 % vit sur un territoire sans difficulté majeure d’accès aux médecins généralistes, aux urgences ou aux pharmacies
DREES
A contrario, un résident français sur huit vit dans une commune avec au moins une difficulté d’accès (82,2 % n’en connaissent qu’une, le plus souvent accès aux médecins généralistes).
Notre proposition : une fonction publique de la santé
Pour résorber ces déserts médicaux et les difficultés d’accès aux soins des français, d’ordre territorial et financier, nous proposons la création d’une fonction publique de la santé, qui regrouperait également la fonction publique hospitalière. Le statut libéral ne serait pas supprimé pour autant.
A la fin de leurs études ou dès leur internat, les nouveaux médecins auraient l’obligation de servir l’État pour une durée minimale de 9 années, en contrepartie d’une indemnité mensuelle versée dès leur externat pour financer leurs études.
Seraient alors créées des maisons médicales, réparties sur tout le territoires et comprenant des médecins généralistes et spécialistes, issus de cette fonction publique de la santé.
Les avantages seraient alors les suivants :
- permettre un meilleur accès aux soins aux français, sans clientélisme et sans surcoût
- bénéficier d’un statut de salarié pour les médecins
- désengorger les urgences des cas qui n’en relèvent pas
- mutualiser les coûts d’équipements
Pour aller plus loin
Ces maisons médicales pourraient également employer des pharmaciens sous contrat avec L’État, car un autre aspect d’accès aux soins est celui des médicaments non remboursés et donc soumis à concurrence dont les prix (libres) peuvent dissuader certains de se soigner. Achetés en nombre par L’État, les coûts de ces médicaments seraient alors moindre, permettant ainsi aux plus vulnérables d’y avoir accès.
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